Triptyque Aberdeenien (1e partie)


TRIPTYQUE ABERDEENIEN (1e partie)- par Paul Bossé

Un 16 novembre qui se prend pour un 16 décembre, voir même un 16 décembre.
FICFA vire polaire et la ville s’efface sous la poudre blanche.

Formidable refuge, le centre culturel Aberdeen arbore un triptyque de films d’art on ne peut plus dissemblables.

En premier, je m’assoie dans un des deux moelleux fauteuils de l’espace audio-vidéo de la Galerie Sans Nom et j’enfouie ma tête dans un des casque d’écoute...

Et je me retrouve dans l’Exposition agricole du gaspésien Jean-François Caissy, une installation vidéo qui documente, avec brio, les rythmes, mouvements et surprises d’une foire agricole. Véritables tableaux vivants, chacun de ses dix neufs plans qualifient presque de court-métrages individuels avec un début, un milieu et une fin.

Un carny chauve avec un bizarre de tatou sur la tête, je peine à discerner c’est quoi... 
à l’arrière-plan des ados zipper-whirlent follement... une face de lapin ?!
Voilà ce qu’il s’est tatoué !
Dans une aréna, des p’tits culs trainent des cochons à travers le cadre. Non, ils sont pas morts. Étrange.
Avec quasi-tendresse méticuleuse, un homme rase sa vache au pelage digne 
de sa propre galerie.

En regardant Exposition agricole, j’ai l’impression de m’être fait téléporter dans
l’univers Playtimien de Jacques Tati, un lieu inouï de liberté oculaire où l’on ne sait plus où, exactement, poser ses yeux. Caissy nous offre des compositions
larges, cinemascopiques, qui étirent l’horizontalité de son cadre. La caméra ne bouge jamais, sauf, petite exception, pendant un bref tilt-down vite terminé.
Tous ses détails, ces gestes, ces rituels. La machinerie de la foire. Les bêtes. Les employés. Le public.
En tout, la boucle du film dure 17 minutes, mais je suis resté pour une deuxième passée. Chaque plan revisité ainsi permet à mes yeux de découvrir une nouvelle action, de m’imaginer une nouvelle intrigue.

Outre sa remarquable facture visuelle, l’Exposition agricole bénéficie également d’une bande sonore grandiose signée Julien Bilodeau. Épique et orchestrale.
Avec des roulements de timbales et des cuivres décharnés. Pas du tout le style de musique qui devait jouer à l’emplacement du tournage. Le contraste haute culture, basse culture ne pourrait pas être plus frappant. Plus qu’une simple musique de fond, la bande sonore transforme complètement les images, dramatise la moindre des actions en ajoutant un gravitas insoupçonné à l’anodin.

Ah ! revoilà le derrière du crâne chauve de l’homme au tatou de lapin.
Je sens que cette image va m’habiter longtemps....

******

(mea culpa du 22 nov)
Euh, en fait, le lapin... j'ai dû l'imaginer. 
Une historienne de l'art m'a signalé que le tatou du carny, 
c'était en fait un lion!
Une bête féroce carnivore et non pas un hoppity-hop muncheux de carottes.
Alors....
euh...
Je m'excuse pour ma GastonLagaffe... 


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